La ville n'avait jamais été aussi belle à ses yeux. Il avait sourit, sans trop savoir pourquoi, à
une vieille dame qu'il avait croisé. Il traversa le zoo, et bizarrement sourit aussi au lion qui le
regardait d'un oeil morne.
Sans trop savoir comment, il se retrouva devant sa porte...
Timidement, il frappa trois petits coups. Comme rien ne se passait, il allait insister lorsque la
porte s'ouvrit.
Elle était plus belle que jamais, et le gratifia de ce sourire magique dont elle avait le secret
et qu'elle n'accordait ni ne confiait à personne.
- Entre, lui dit-elle.
Timide il pénétra dans la salle à manger avant de se laisser choir dans un fauteuil. Puis il la
fixa.
Celle-ci était debout près de lui, devant lui. Il tremblait d'émotion. Elle, ne disait rien. Il se leva,
s'approcha d'elle.
- Flo...dit-il à voix à peine audible...
Elle détourna la tête...baissa le regard, laissa errer son esprit meurtrit !
- Flo, répéta-t-il, doucement...
Alors elle le regarda. Au moment où leurs regards se croisaient, leurs lèvres se touchèrent.
- Euh... bredouilla t-elle, surprise, mais heureuse...
Mais les mots ne venaient pas... alors il passa la main derrière sa nuque, et l'embrassa. Cela
sembla durer une éternité. C'était la première fois qu'ils ressentaient une telle émotion, et ils ne s'arrêtaient plus.
Lorsque les premières étoiles scintillèrent dans leurs yeux épuisés, leurs lèvres se quittèrent.
Comme deux plongeurs en apnée, ils reprirent leur souffle en même temps que leurs émotions.
Une fois de plus, il prononça ces mots magiques.
- Je t'aime.
Mais cette fois-ci, cela sonnait autrement. C'était plus beau. C'était plus fort, elle les
entendait, les respirait les aimait...
- Depuis maintenant deux ans que nous nous sommes rencontrés, je voulais que tu saches que tu es mon premier amour. Le premier et le dernier...
-Ce que tu me dis, est la chose la plus belle que jamais je n'ai entendue.
Il rougit. Il se sentait bien.Tout près,
son coeur battait. Là-bas le jour passait... ici, tout s'était arrêté.
- Embrasse moi encore... souffla
t-elle.
Au loin, on entendait une douce mélodie.
D'où cela venait-il? Quelle importance, du moment que c'était là. Bientôt, la musique, l'amour, les entraînèrent
dans un tourbillon sans fin. Il n'y avait plus de plafond, plus de murs. La ville était loin.
Maintenant, ils étaient sur la mer. Ils
frissonnèrent... était-ce le vent qui s'était levé et qui faisait frémir leur peau? Quelques nuages
voilèrent le ciel. A mesure que les notes s'envolaient, la musique devenait de plus en plus belle, et le ciel de
plus en plus rose. On se serait cru dans un tableau de Matisse. Des larmes de joie dans la voix, la musique
jouait.
Quelques gouttelettes de pluie vinrent alors
troubler cet océan,comme des perles d'azur, que le vent sifflant emportait au loin avant de les renvoyer à la
figure des amoureux. Après quelques instants les gouttes grossirent, s'écrasant lourdement sur la surface de
l'eau.
Elle, que la folie saisissait, se voyait mourir
au milieu des éclairs... Plus la musique jouait plus le temps s'agitait, plus le ciel s'assombrissait, plus les
vagues grandissaient, se brisant bientôt contre leurs pieds dans une explosion d'écume crépitante, poussées par
des bourrasques assassines... leurs baisers dansaient sur cet air tourmenté, cet océan symphonique, cet
opéra dramatique, les vagues étaient à présent immenses et la pluie tranchait le ciel plus sombre
que la plus noire des nuits, c'était affreusement grand et terriblement beau, si beau que ça faisait mal, la musique hurlait sa douleur, de plus en plus fort, les notes tourbillonnaient, le vent devenait tornade, les vagues devenaient rouleaux, les amants tournoyaient, autour de leurs bouches, autour de leurs mains... et tout s'arrêta soudain.
- Je voudrais t'épouser,
dit-il
Elle tressaillit.
- Pardon?
- Je t'aime. Je veux t'épouser.
Veux-tu être ma femme, Flo?...
Leurs lèvres
tremblaient.
- Oui!
Murmura-t-elle.
Toute la nuit, ils restèrent
enlacés, à parler, ou s'embrasser.
Ils s'embrassèrent pendant des heures. Des jours. Des années. Si d'aventure vous ne croyez plus en l'amour, sachez qu'en ce moment même ils s'embrassent quelque part.
Flo