Comme un vieux tronc courbé par de trop longs hivers
Elle espère la venue d'une pluie printanière
Elle scrute dans le noir virevolter la poussière
De ses vieux meubles sinistres qui dévorent la lumière

Et dans ce duveteux fauteuil qui berça sa jeunesse
Elle chevrote comme l'herbe que l'aurore caresse
Sans jamais dissimuler derrière ses rideaux
Elle referme la fenêtre qui pleure à gros bandeaux

Acclimatée au néant qui annonce la fin
Elle pleure sur les rides venues fleurir sur ses mains
De ses yeux délavés qui montrent le passé
Elle cherche ses jeunes années sur le calendrier

Au soir quand elle se pose pour aller se coucher
Elle noue à ses songes ses nombreuses années 
Puis elle exhale le feu de son dernier amour
Qui somnole en son cœur et s'endort pour toujours.

 

Dans le jour qui s'éteint sur les steppes brûlantes
Est-ce le reflux qui gronde ou les flots 
Soudainement, ouatés éclatent de merveilleux grelots 
Résonnent dans la lumière quelques lamentations tremblantes


Un bruissement, des voix susurrent indolentes 
À peine si l’on ouï d’acidulés sanglots
Tout à coup sous une rafale de vent du ressac aux ballots
Berce les boucles aux pampres pantelantes 


Déclamant à la terre un long chant saccadé
Verges d’or, oriflammes blondes émoustillées sous le soleil
Gerbes penchées comme des flocons dans un souffle vermeil
Et glisse dans le silence un lent mouvement froissé.