Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
29 janvier 2014 3 29 /01 /janvier /2014 09:01

 

Pleine lune.

Elle brillait, ici plus qu'ailleurs, peut être un ciel plus pur.
On pouvait même distinguer les étoiles, claires, scintillantes.
La lagune réfléchissait comme un miroir. Sur le coté, des barques, couchées, echouées sur le sable attendaient : le jour, le pêcheur, un autre jour ?
Des cris aigus, d'autres plus doux : des oiseaux sûrement.
Charlotte tenait fermement la main de Thomas, pas question de se lâcher.
Charlotte toute brune, grands yeux noisette, avec des cheveux qui commençaient à lui tomber sur les épaules, surtout quand ils étaient mouillés. Thomas était sûrement son frère, lui tout blond, avec de grands yeux verts-gris, et son petit air "scrogneugneu", juste le "scrogneugneu" qu'on aimait.
 

Les deux enfants n'avaient pas peur, tout semblait famillier, rassurant, pourtant c'etait la première fois qu'ils sortaient seuls la nuit.
Ils ne comprenaient pas tout, mais c'était bien eux devant la lagune et même pas peur, pas zun brin comme dirait Némo leur gentil chat !
D'ailleurs la lune éclairait tellement qu'on se serait cru en plein jour. Il y avait des arbres, mais ce sont des palmiers dit Charlotte à Thomas .
Oui je crois dit Thomas, mais je n'ai jamais vu de palmiers, que dans des livres, si tu veux ce sont des palmiers, après tout....
Il aimait la forme élancée du tronc et le grand plumeau sur le sommet.
Oui, oui ce sont des palmiers !!!! Ils riaient doucement.


Il faisait doux, un vent léger venait du large avec de fortes odeurs d'algues, fortes mais agéables.
Et c'est là, qu'elle apparut, de derrière un petit mur.
Une femme, vêtue d'une longue robe blanche. On ne voyait pas ses mains, juste son visage, sous une épaisse crinière de cheveux rouges.
Elle avait de grands anneaux d'argent aux oreilles et deux grands colliers de turquoises pendaient sur sa poitrine. On pouvait entendre le cliquetis des ses bracelets...


- Tiens Charlotte, Thomas ? Dehors à cette heure ?
En fait je vous dit cela, mais ici, il n'y a pas d'heure. C'est toujours la bonne heure !
Nous sommes où se demandait Charlotte quand même vaguement, vaguement inquiète ?
- Comment , vous ne savez pas ?
vous êtes au pays des grands arcs-en-ciel.
- Des arcs-en-ciel comme dans le ciel ?
- Oui mais ici les gens ont la peau de cette couleur, de ces couleurs je devrais dire.

Charlotte et Thomas se regardaient, incrédules. Elle doit se tromper, les gens normaux sont blancs, jaunes , ou noirs, mais pas de toutes les couleurs à la fois.
- On peut voir ça dit Charlotte ? 

- Je ne sais pas encore .
- Faut voir qui ?

- En fait, parfois certains sont plus rouges,ou plus jaunes que d'autres, ou plus bleus, mais c'est toujours trés joli à voir, du plus bel effet !!!!!
- Super, je voudrai être bleue se dit Charlotte.

- Et moi tout jaune, là c'était Thomas qui parlait. C'était sa couleur préférée et quand il faisait de la peinture, parfois on le confondait avec le papier peint de sa chambre, tellement il se barbouillait, oui je serai tout jaune et je ne me ferai même pas gronder.


La dame au cheveux rouges leur expliqua que ça ne dépendait pas seulement d'elle.
Il faut que je demande à la grande sorcière, car moi souvent je me trompe dans les mots magiques et parfois je fais des erreurs.
Cet oiseau, c'était Paul, je suis désolée Paul... Vraiment !
Paul , le bel oiseau lança un cri de colère qui retentit sur la lagune.
Il en avait assez de patauger dans la boue et de manger du poisson !! Il détestait ça !
La femme aux cheveux rouges dit à Paul, qu'il fallait juste attendre la nouvelle lune, et qu'il redeviendrait un petit garçon normal, et surtout qu'elle apprendrait mieux les mots magiques...
A ce moment un petit coup de vent souleva la robe de la sorcière rouge, juste assez pour qu'on voit ses jambes.
Houlalalalallala !!!!ses jambes étaient de toutes les couleurs de l'arc en ciel, et c'était beau.
- Il y a d'autres enfants comme ça ? Nous on aimerait bien voir.

- Voir ? je vais demander, mais je ne sais pas si on peut voir seulement, il se peut que vous restiez comme ça, de toutes les couleurs !
vous aimeriez ?
- Non non , moi je veux rester de la même couleur que mon père et ma mère , pas arc-en-ciel.
Thomas se disait que jaune ce serait bien, mais il avait compris que c'était tout ou rien. Moi non plus je ne veux pas , et surtout je ne veux pas être un canard ou un oiseau, et si on retournait à la maison demanda-t-il à Charlotte ?
La femme aux cheveux rouges souriait, mais vous êtes chez vous.

Et c'était vrai, Là c'était chez eux là sous la lune ronde, sous les étoiles, près de la lagune, oui bien sûr.
En plissant les yeux, ils pouvaient voir leurs lits, leurs doudous, un lapin pour Charlotte et des foulards pour Thomas.

Demain, si la lune est encore ronde, nous irons au pays des montagnes bleues, mais ce sera demain........
La lune était toujours là, bienveillante et ronde, bleutée et douce, et elle serait toujours là pour eux, s'ils voulaient bien la voir, ou la regarder.
 

Partager cet article

Repost0
8 janvier 2014 3 08 /01 /janvier /2014 23:39

La porte s’était refermée brutalement comme à chaque fois, comme les autres fois.
Sarah se précipita avec rage, les deux poings serrés et tambourina frénétiquement.
- Laissez-moi, je vous en prie, laissez-moi sortir !!!

Elle savait déjà que ses cris, comme à chaque fois resteraient sans réponse. Elle s’effondra, découragée. Les larmes inondèrent comme un torrent ses joues rouges de colère, de peur et de froid.
Elle connaissait la cabane par cœur, le bois entassé, à droite, en bûches uniformes, bien calibrées, prêtes à être jetées dans la cheminée, qu’elle ne voyait jamais. De l’autre côtés, des cartons délaissés, éventrés, déformés. Derrière elle, une malle, gigantesque noire et or dans laquelle ses geôliers avaient menacés plusieurs fois de l’enfermer.
La nuit était tombée depuis longtemps déjà, la tempête s’était levée, l’air se chargeait des effluves de la mer toute proche.
Sarah, assise en tailleur crut entendre une voix.
- Tu devrais l’ouvrir, disait-elle.
Elle était secouée de tremblements incontrôlables.
- Ouvre la malle Sarah, viens…


D’un revers de la manche, elle tenta d’éponger les larmes qui troublaient sa vue et tourna la tête lentement. Quelle ne fut pas sa surprise de découvrir deux lutins endimanchés, la main dans la main, LUI un chaperon suranné et difforme laissant échapper quelques boucles hirsutes, ELLE un fichu élimé jaune paille noué à la hâte sous son menton fripé.
Sarah se releva dans un élan pour aller se réfugier contre les cartons et s’enfonça dans l’humidité automnale de la matière.
- Laissez-moi, hurla t-elle, n’approchez pas !!!


Ils reculèrent de quelques pas, LUI ôta son chaperon ridicule et prit un air gêné.
- Ne te méprends pas petite, grand peine tu nous fais, c’est pourquoi nous avons décidé de te venir en aide. La malle te sera d’un grand secours, tu peux nous croire, tu n’es pas la première…


ELLE tenta de s’avancer.
- Ouvre-la, Sarah, tu ne le regretteras pas.


Il lui fallut toute la force du désespoir pour compenser la peur incommensurable qu’elle ressentait.
Il lui fallut la certitude que rien de pire que le traitement qu’elle avait subi jusqu’alors ne pouvait lui arriver.
Il lui avait fallu contrôler ses mouvements désordonnés pour saisir le loquet de cuivre, le faire basculer à la verticale, faire coulisser la tige métallique, soulever le battant imposant pour découvrir le contenu énigmatique de cette malle surdimensionnée.


Un vide, le vide, le néant, la déception.
Découragée, elle allait la refermer lorsque son regard fut attiré par une bordure enluminée. Elle se pencha pour atteindre cette lumière inattendue, tendit le bras, bascula le bassin et tomba la tête la première à l’intérieur. Sous le choc, le battant retomba violemment et Sarah se retrouva prisonnière. Sa main avait atteint la clarté singulière qui avait attisé sa curiosité, elle s’en saisit et réalisa qu’il s’agissait d’un livre. Sans plus réfléchir, elle l’ouvrit au hasard. Une lumière tamisée et diaphane envahit l’habitacle étroit et rassura la petite fille.
Elle caressa la page ou s’inscrivait ces quelques mots « Il était une fois… », elle suivit du bout du doigt la forme calligraphiée du i majuscule et sentit indiciblement qu’il s’enfonçait dans le paysage apaisant fait de fleurs aux formes harmonieuses, de soleil, d’enfants heureux et de fête foraine.
Elle se sentit aspirer délicatement par l’ouvrage et se laissa glisser au milieu de l’image.

Assise sur une colline bucolique, elle respira l’odeur enivrante des fleurs alentour, elle caressa le duvet composé d’une herbe tendre et moelleuse, elle entendit au loin les rires joyeux d’autres enfants et vit s’éloigner à pas lents deux lutins qui se donnaient la main, LUI, un chaperon suranné et difforme laissant échapper quelques boucles hirsutes, ELLE, un fichu élimé jaune paille noué à la hâte sous son menton fripé.

Partager cet article

Repost0
22 décembre 2013 7 22 /12 /décembre /2013 10:59



Il était une fois un sapin.
Né à flanc de colline, dans une immense sapinière, il était entouré d’une très nombreuse famille ainsi que d’une multitude d’amis.
Dès qu’ils surent parler, lui, ses frères et soeurs, ainsi que les voisins sapineaux de leur âge, ils se mirent à imaginer chacun son avenir, conscients qu’un sapin bien né ne finit pas sa vie dans la sapinière.

L’un rêvait de devenir une charpente, il pourrait ainsi protéger les habitants de la maison de la pluie et du soleil, aussi s’efforçait-il de pousser un tronc bien épais.
Un autre rêvait de devenir l’étrave d’un bateau, un vigoureux trois-mâts fendant fièrement les océans, il pourrait ainsi visiter le monde, croiser la route des dauphins et devenir leur ami, aussi s’efforçait-t’il de pousser un tronc incurvé.
Un autre encore rêvait de devenir une table rustique autour de laquelle on viendrait boire et manger avec bonne humeur, il pourrait ainsi se réjouir pour longtemps des bonnes blagues et des rires des convives, aussi s’efforçait-il de pousser un tronc sans noeuds.

Plus loin, on rêvait de devenir une cabane dans les bois, abritant les confidences d’amoureux de passage ou protégeant les promeneurs surpris par l’orage et on poussait un tronc long et fin pour préparer de beaux rondins ; on rêvait de devenir la clôture d’un jardin préservant l’espace de jeux des enfants ; on rêvait de devenir un portail sculpté…
On rêvait, on rêvait et on se préparait à réaliser ses ambitions.

Mais tous les ans, au début de l’hivers des bûcherons venaient faire provision de jeunes sapins pour la fête de Noël.

Sapin de Noël? C’était justement le rêve de notre sapin, un rêve qu’il caressait tendrement de longues heures durant. Oh!, il se rendait bien compte qu’une carrière de sapin de Noël est bien plus éphémère que celle d’un bateau d’une table ou d’une cabane. Mais quel bien-être que de demeurer au chaud, protégé des froidures de l’hivers, que de malice à se couvrir de boules et de guirlandes, que de complicité à lancer à tout un chacun ses clins de lumières, que de joie à lire dans les regards étonnés et les cris émerveillés des enfants : une vie brève, mais si intense.
Un sapin de Noël, oui, mais pas n’importe comment, il voulait être grand, toucher au plafond, tout voir, pas un petit sapin de Noël qui n’a rien d’autre à voir que les genoux des gens.
Un sapin de Noël, oui, mais pas n’importe comment, il voulait être large, combler tout son espace, pas un étroit sapin de Noël que l’on décore d’une guirlande et de trois boules.
Un sapin de Noël, oui, mais pas n’importe comment, il voulait être touffu, rester lui-même malgré tout, pas un maigre sapin de Noël que l’on surcharge de décorations pour masquer sa nudité.

Aussi, ne se sentant pas prêt et pour échapper aux bûcherons, tous les ans, il jouait la comédie. Une fois, il courbait son tronc pour paraître tordu ; une autre fois, il laissait retomber ses branches jusqu’à terre pour paraître sans ampleur, une autre fois encore il perdait des aiguilles pour paraître trop nu.
Et une année, enfin, estimant son temps venu, il exhiba un tronc magnifique portant de larges branches bien touffues. Il était tout ému de se sentir si beau, tout fébrile à l’idée de réaliser enfin son rêve.

Mais il avait attendu trop longtemps, il était devenu bien plus haut qu’un plafond, bien trop large pour entrer dans un salon, bien trop fourni pour qu’on ne se risque à aller y accrocher des fanfreluches. On le coupa tout de même, mais pour en faire un majestueux vaisselier.

Il trône depuis dans le salon d’une maison bien entretenue, régulièrement ciré, décoré de bibelots, protégeant linge et vaisselle et faisant l’admiration de tous.

A vouloir trop bien faire, il a réalisé une vie, mais avec le goût amer de n’avoir pas réalisé la sienne.

Pourquoi refuser de cheminer au long de nos rêves tant qu’ils nous semblent inachevés ? Pourquoi hésiter à amorcer leur accomplissement tant que nous nous croyons immatures ?
Un rêve ne devient pas réalité d’un coup de baguette magique, il naît peu à peu, jour après jour de notre ténacité, fait d’espoirs et d’imperfections, de persévérance et d’erreurs, de tâtonnements et de fidélité.

Si nous ne faisons de notre vie ce que nous espérons qu’elle soit, elle fera de nous ce qui lui permettra de se perpétuer. Si nous ne nous faisons ce que nous rêvons d’être, elle fera de nous quelque chose de beau, certes, mais qui nous laissera le sentiment de n’être pas nous même.
Dieu connaît le moment propice où, sortant du creuset de la patience et de la fidélité, nous serons accomplis, ne décidons pas à sa place du bon moment, ne soyons pas une entrave à notre réalisation.

Les échecs et les abandons passés ne nous permettrons peut-être pas de réaliser le but initial, mais malgré cela, notre vie, avec ce que nous sommes aujourd’hui peut encore devenir quelque-chose de beau.


Avec l'aimable complicité de Antoine Lang, que je remercie

http://antoinelang.unblog.fr

Partager cet article

Repost0

Un Sujet En Particulier ?

Sur ce blog il y a

Passe ta souris sur la première lettre de chaque ligne

Blogopotes

Cet ensemble de miniatures, représente mes amis, les personnes chez qui j'aime flâner et faire un petit coucou , laisser un commentaire chaque fois que j'en ai envie.

 

Si vous désirez vous y retrouver, laissez-moi un coucou à votre tour, je me ferai un plaisir de vous y accrocher et j'irai vous écrire une petite bafouille à mon tour.

Pose ton curseur sur les miniatures, tu verras apparaître les pseudonymes et tu auras le lien du blog

 

 

Alain TreiZe Aummani chtinoeil bubuneJoëlCannelle Dany Dix DomSimone Déesse GL katara PatriciaMamyAnnick Marie M-T Michel Nouche Patmamy QuichottineBigornette Nanou SpipAlainJeeretGabClnKinouLCDAndréla-cachinaM_PZip de loupTatarinetteAlinebikerMahinaFrançoisePaqueretteLaurentPatriarchGeoElianeValentineJ-P SilvestreMentaleJeanCricketValerieTiotTimiloKryNefertitiMartineTotoFancriSylfanfleur de lysBrenPhilippeZapiCloMichelOcecoolMartineRogerNadiaD@net

---------------------

Mon troisieme recueil

Thebook edition a classé mon recueil dans la catégorie adultes, certains de mes poèmes étant érotiques

Acheter Foucades en mots tressés

http://a-fleur-de-plume.eklablog.com/

Ah tu es là

Mon premier recueil de poésies

Un second recueil avec une meilleure présentation et de nouveaux poèmes,  vient de voir le jour .

N'hésitez pas à vous l'offrir ou à l'offrir pourquoi pas !

 

Le livre