Les Ondines
Fées des fontaines et des cascades, elles se baignent nues en onde pure, démêlent leur longue chevelure avec des peignes d'or ou d'ivoire. En jours radieux, à l'abri des regards des mortels, ou lors des nuits clémentes de l'été, elles apparaissent, fugitives, pour charmer de merveilles l'âme du poète à leur recherche.
En Norvège, l'Ondine se nomme Fossegrim, elle est haute de trente centimètres seulement et enchante les cascades des reflets de ses cheveux d'or et de ses mélodies.
En Russie, la Roussalka aime à se peigner en contemplant longuement son reflet à la surface des eaux vives. La Vodianoï en revanche arbore d'horribles cheveux verts en écho à la figure de Méduse et son corps est marqué de cyanoses, gonflé comme les cadavres des noyés.
Qu'on l'appelle nymphe ou ondine, la créature des eaux douces est souvent paradoxale car son charme peut guérir ou emprisonner en double fond. Les cheveux parfois blonds parfois verts de mer, les yeux de corail, les yeux également verts étincelants.
Au Pays de Galles, les Ondines sont aussi des Esprits aquatiques, de merveilleuses Fées des Eaux qui prennent parfois des mortels pour époux.
Ma belle Ondine
À ta source cristalline
J'ai plongé tant de regards,
Oh Divine ! Beauté limpide
Miroir de maints espoirs.
J'aimerais, exquise ondine
Noyer par toi, ce cœur avare
Y tremper toutes mes épines
Par toi connaître, l'ultime extase.
Je ne suis que frêle aubépine
Juchée par le hasard
Sur les bords d'une ravine
Attirée par ton nectar,
J'ai soif de toutes mes racines
Prisonnier dans ce terroir,
La vie cruelle, ne me destine
Qu'au rare lait, des nuages noirs.
Ton eau, me serait divine
Elle est telle, une mine d'or
Pour survivre comme mes frangines
J'ai besoin de tes trésors.
Je me sens triste orpheline
Isolée sur ce rebord,
Une inflexible figurine
Qui espère tes raccords.
Jean-Maurice Chaput