Quand nous étions enfants, nous étions si pressés de faire partie des « grands » . Et puis c'est arrivé. A quinze ans, nous rêvions à un bel avenir au futur garçon qui nous fera sourire.
Encore dans les langes, la tête dans les nues, innocente comme un ange fières de nos attributs.
Puis arrivent les vingt ans, nous nous trouvons très vieilles, majeures depuis longtemps, toujours fraîches au réveil.
A trente ans tout est dit, enfin, nous le croyons.
Les enfants, le mari, le boulot, la maison. Nous ne touchons pas terre entre toutes nos tâches.
C'est pas une mince affaire, on fait tout à l'arrache.
Pas le temps de penser, notre look, on s'en fiche.
Difficile de gérer, on court, parfois on glisse.
Les enfants ont grandi, nous avons quarante ans.
On pense : quelle belle vie, Qu'elle dure longtemps !
Un beau jour par hasard, tout en se regardant la tête dans le miroir une angoisse nous prend.
Seigneur, j'ai plein de rides ! Des cernes sous les yeux !
Constatation morbide: On a pris un coup d'vieux.
Le mascara s'étale, le blush ne suffit plus.
Notre beauté détale, nous ne comprenons plus.
Ai-je assez mis de crème ? Devrais-je en rajouter ?
Nous nous croyions indemnes, mais nous avons morflé.
Lorsque nous rencontrons, nos anciennes amies, soyons franches nous trouvons qu'elles sont décaties.
Et pourtant, et pourtant, la vérité est là.
Nous avons cinquante puis soixante ans, nous aussi. Et voilà !
Nos enfants sont partis, ne reste que le chat dans les bras du mari, attendant leur repas.
Miroir, mon beau miroir, qu'as-tu fait de ma vie, il faut garder l'espoir croire en la chirurgie.
Je plaisante, bien sûr, car il n'est pas question que mes enfants murmurent que je deviens très con.
Et puis, pffft, après tout, rien d'extraordinaire, il y a un temps pour tout.
C'est chouette d'être grand-mère !